Publié le 01 septembre 2022

L’Europe et la France embarquent pour la Lune le 03/09/2022

Le 03/09 aura lieu l’un des grands évènements astronautiques de ce début du 21e siècle : le lancement vers la Lune de la mission Artemis 1. Son lanceur SLS (Space Launch System) aura la lourde tâche de propulser vers notre satellites naturel le vaisseau spatial Orion, une 1ere depuis la fin des vols habités vers la Lune en décembre 1972. Mais si cette mission est effectivement dirigée par l’agence spatiale américaine (la NASA), l’Europe, et en particulier la France, ont participé activement à ce programme de retour des astronautes sur la Lune. Décryptage.

 

lancement d'Artemis 1

  • Début du live sur twitch.tv/cnes_france : 19h45 (heure de Paris)
  • Décollage de la fusée SLS : 20h17 (heure de Paris)
  • Séparation du vaisseau Orion : 22h17 (heure de Paris)
  • Fin du live : 22h30 (heure de Paris)

Sam03sept

 

Le lanceur SLS sur son pas de tir - Crédits : NASA – J. Kowlsky

Plus que quelques jours avant le décompte final !
Le samedi 03/09/2022, une fenêtre de lancement de 2 heures s’ouvrira à partir de 20h17 (heure de Paris), pendant laquelle le lanceur le plus puissant jamais construit devrait s’arracher du sol terrestre, emmenant le vaisseau spatial Orion, d’abord en orbite autour de la Terre, puis vers la Lune.

Pour cette 1ere mission, le vaisseau ne sera pas occupé par un équipage humain. À la place, 3 mannequins enregistreront pendant tout le voyage les données relatives aux vibrations, aux accélérations subies et aux radiations auxquelles les futurs équipages seront exposés.

Une heure et demie après le lancement, le moteur de l’étage supérieur du lanceur SLS s’allumera pendant 18 min, mettant le vaisseau Orion sur une trajectoire lui permettant d’atteindre et de se mettre en orbite autour de la Lune, à un peu moins de 400 000 km de là.
Une fois que tous les systèmes et sous-systèmes auront été testés (ce qui est l’objectif principal de cette mission Artemis I), il sera temps de ramener le vaisseau Orion sur Terre pour un amerrissage dans l’Océan Pacifique prévu 42 jours après le décollage, autour du 15/10.

Trajectoire aller-retour commentée de la mission Artemis 1. Crédits : NASA.

L’Europe et la France, partenaires incontournables de la mission Artemis I

En tant que partenaire des États-Unis, entre autres dans le financement et la gestion de la Station Spatiale Internationale, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a été chargée de développer le module de service (European Service Module – ESM) du vaisseau Orion.

Ce module de 4 m de haut et de 4 m de large est situé juste sous la capsule d’habitation. Il est tout d’abord la source principale d’énergie de l’engin. En effet, ce sont 4 panneaux solaires de 19 m de long qui produiront, via ce module de service, les 11 kiloWatts de puissance électrique qui alimenteront tous les systèmes du vaisseau. Mais bien plus que l’alimentation électrique, ce module s’occupe de la propulsion et de tout ce qui est nécessaire à la survie des astronautes (voir infographie ci-dessous).

Le module de service européen du vaisseau Orion s’occupe de toutes les fonctions vitales du vaisseau. Crédits : ESA

La France en particulier, nous dit Jean Blouvac, responsable programme Exploration et Vol Habité au CNES, a joué un grand rôle dans l’élaboration de ce module. Les filtres à hélium, garantissant qu’aucune contamination ne pénètre dans le système de propulsion, ont été fabriqués par Sofrance (Safran Filtration Systems). La société Clemessy s’est occupée du matériel électrique utilisé pour construire et tester le vaisseau. Les réservoirs de carburant ont été fabriqués par ArianeGroup, et les réservoirs d’hélium depuis leur site en Nouvelle-Aquitaine. L’avionique, le « cerveau » du module, a été construit et testé sur le site d’Airbus aux Mureaux et enfin c’est la société Latelec qui a fourni les 11 km de câbles (d’alimentation et de transfert de données) qui truffent le module de service.

Bien évidemment, la France n’est pas la seule à avoir contribué à la conception, la construction et à la validation de ce module. Les autres états-membre de l’ESA ont, eux aussi, apporté leur savoir-faire technique et industriel pour mener à bien cette importante mission.

La contribution européenne au programme Artemis 1, et en particulier à la construction et la validation du module de service du vaisseau Orion. Crédits : ESA

La contribution de l’Europe au programme lunaire s’étend bien au-delà de la première mission Artemis. Si tout va bien, il est d’ores et déjà prévu une mission Artemis II, habitée cette fois, et c’est au cours d’Artemis III qu’un équipage humain, probablement un homme et une femme, mettra le pied sur le sol lunaire.

Actuellement, le module de service européen du vaisseau Orion pour la mission Artemis II est déjà construit. Il se trouve aux États-Unis en attente de points finaux de qualification. Celui d’Artemis III est en cours de construction en Europe et un contrat avec Airbus Defence and Space a été signé en février 2021 pour 3 autres modules.

L’Europe pave aussi la route vers la Lune

Le programme Artemis ne comprend pas que le vaisseau Orion et son lanceur lourd. La station spatiale cis-lunaire Gateway en est aussi une pièce importante.

Dans sa 1ere configuration opérationnelle (elle pourrait être utilisée comme « hub » intermédiaire entre la Terre et la Lune dans la mission Artemis 4), elle sera constituée de 2 modules américains : HALO (habitation logistique pressurisée pour l’équipage) et PPE (Propulsion et alimentation électrique) et de 2 modules européens : I-HAB (un module pressurisé plus important qui permettra aux astronautes d’y habiter et d’y mener des expériences scientifiques) et ESPRIT (un module logistique, technique, avec une fenêtre sur le paysage lunaire similaire à la célèbre coupola sur l’ISS).

La politique actuelle est la coopération, mais la maîtrise de tous ces éléments est stratégique. Devant l’importance des développements actuels, l’Europe devrait prendre toute sa place dans ces activités qui finiront par mener l’humanité bien au-delà de l’orbite lunaire...

Contact

Jean BLOUVAC
Responsable programme Exploration et Vol Habité du CNES
Mail : jean.blouvac at cnes.fr

Pour aller plus loin