Photographie d'un chalutier
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Cospas-Sarsat : quand le satellite sauve des vies

Depuis plus de 40 ans, le programme Cospas-Sarsat a permis de sauver plus de 60 000 vies. À bord d’un bateau, d’un avion ou en trek, quand les utilisateurs déclenchent leur balise, les satellites Cospas-Sarsat captent le signal et localisent la balise. En quelques minutes, les secours sont informés.

Les 3 catégories de satellites du système Cospas-Sarsat
Les 3 catégories de satellites du système Cospas-Sarsat © Cospas-Sarsat.

En 2024, dans la Manche, le « LAOSK LAVAR », battant pavillon français, subit une avarie en pleine mer. Grâce à la coopération efficace et rapide de plusieurs navires et services, le « HYPHOS » aperçoit les 2 pêcheurs rescapés, sur leur radeau de survie. Ils sont pris en charge et ramenés sur la terre ferme, sains et saufs. Saviez-vous que les 2 marins en question doivent leur survie aux satellites ? Plus précisément à ceux du programme Cospas-Sarsat.

Pour envoyer l’alerte, les marins ont utilisé une balise Cospas-Sarsat. Le signal de détresse a été reçu par les satellites et la balise géolocalisée. 3 mn plus tard, ces informations ont été transmises au centre de contrôle français de la mission… et les secours alertés. Le programme international Cospas-Sarsat a pour but de localiser les personnes en détresse et transmettre les informations aux services de secours compétents. Le système est opérationnel 24h/24 et gratuit partout sur le globe. 

45participants au programme
3 000personnes secourues chaque année
3,1 millionsde balises environ dans le monde (dont 94 000 en France)
63satellites (ce nombre varie dans le temps car des satellites sont régulièrement mis hors service et d'autres activés)

Des balises pour les bateaux, les avions ou les randonneurs

Bateaux, avions ou encore randonneurs : nombre d’usagers sont équipés. Les balises sont obligatoires à bord des avions de ligne et des navires professionnels, ainsi que des navires de plaisance navigant à 60 nautiques et plus d’un abri. Plus de 60 000  personnes ont été secourues à travers le monde depuis la mise en service du système ! En 2022, près de 70% des personnes secourues se situaient en mer.

Il existe 3 catégories de balises : celles dédiées à un usage aérien, maritime et personnel
Il existe 3 catégories de balises : celles dédiées à un usage aérien, maritime et personnel © CNES/DE PRADA Thierry, 2021.

Depuis le signal d’urgence jusqu’à l’arrivée des secours, c’est une véritable chaine de transmission qui se met en place :

  1. L’utilisateur en détresse active sa balise. Elle émet un signal radio sur la fréquence 406 MHz contenant l’identité de la balise.
  2. Les satellites de la constellation Cospas-Sarsat captent le signal. Ils le transmettent à une ou plusieurs stations de réception au sol.
  3. Celle-ci calcule la position de la balise et envoie les données d’alerte à son centre de contrôle de mission associé. 
  4. Le centre vérifie l’alerte et transmet, le cas échéant, les informations au centre de recherche et sauvetage compétent. 
  5. Ce dernier dépêche les équipes de secours sur place.
Le système Cospas-Sarsat repose sur la transmission par satellite du signal de détresse à des stations terrestres, jusqu’à l’envoi d’équipes de secours
Le système Cospas-Sarsat repose sur la transmission par satellite du signal de détresse à des stations terrestres, jusqu’à l’envoi d’équipes de secours © Domaine public.

Une panoplie d’équipements

Le système est composé d’une large panoplie d’équipements. Fin 2024, le segment spatial comporte 4 satellites en orbite terrestre basse (LEOSAR, à environ 850 km), 47 satellites en orbite terrestre moyenne (MEOSAR, entre environ 19 000 et 23 000 km) et 12 satellites en orbite géostationnaire (GEOSAR, à environ 36 000 km) et . À terre, le segment sol est constitué de 80 stations de réception (baptisées LUT) et 32 centres de contrôle de mission (dits MCC) répartis à travers le monde. 

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Et en France ? Le centre de mission est hébergé au CNES de Toulouse, c'est le FMCC (French Mission Control Centre). On y trouve également 4 stations de réception. Nous jouons un rôle important dans le programme à travers les moyens techniques du FMCC qui collecte, traite, distribue les alertes et coordonne l’action opérationnelle de 6 autres centres (Chypre, Grèce, Italie, Norvège, Royaume-Uni et Turquie).

Comment la balise est-elle géolocalisée ?

Le système Cospas-Sarsat calcule la position des balises de détresse grâce à l’effet Doppler. Connaissez-vous ce phénomène physique ? Lorsqu’une onde est émise, sa fréquence semble modifiée lorsque la distance entre l’émetteur et le récepteur varie au cours du temps. Peut-être sans le savoir, vous avez déjà expérimenté l’effet Doppler : c’est ce qui explique le changement de son (l’onde sonore) lorsque la sirène d’une ambulance s’approche et s’éloigne ! De la même façon, le satellite survole la balise : il capte l’onde radio et exploite l’effet Doppler pour calculer la distance à la balise. Comme la position du satellite est connue, il est possible de déterminer la localisation de la balise.

Chronologie

1995 Suite au crash d’un avion en Alsace en 1992, une obligation réglementaire impose l’emporte de balises Cospas-Sarsat aux avions
1993L’Organisation maritime internationale rend obligatoire l’équipement des navires maritimes. Cela marque le début d’un développement important du système
1982Au Canada, un avion accidenté est retrouvé et 3 personnes sont secourues. Alors que le programme est encore en phase expérimentale, c’est le premier succès pour Cospas-Sarsat
1979Les agences spatiales française, canadienne, américaine et russe créent le programme Cospas-Sarsat

Géolocalisation instantanée et accusé de réception

Aujourd’hui, plus de 40 ans après sa mise en service, le système a été amélioré. La constellation Cospas-Sarsat est passée de 15 à 63 satellites ! Pourtant, aucun satellite n’a été lancé spécifiquement pour la mission… Le secret ? Utiliser les satellites de géolocalisation ! Plusieurs existent : l’européen Galileo, l’américain GPS et le russe Glonass . Dans certains de ces satellites en orbite moyenne (entre 19 000 et 23 000 km), une charge utile de recherche et sauvetage a été embarquée. Elle est en quelque sorte un décodeur : elle rend les satellites compatibles avec les balises Cospas-Sarsat ! Grâce au programme SAR Galileo de la Commission européenne et opéré par le CNES, tous les satellites Galileo en sont équipés. 26 stations terriennes de réception dédiées complètent le segment sol. Résultat : depuis 2016, la localisation des balises est presque immédiate (contre 4h maximum auparavant), la Terre entière est couverte et la balise est géolocalisée au km près !

Cette nouvelle génération de satellites – baptisés MEOSAR – offre une fonctionnalité inédite. Auparavant, lorsque l’utilisateur activait sa balise, il ne se passait rien. Il fallait juste espérer que la balise fonctionne et attendre… Grâce à nos équipes qui travaillent sur le projet Return Link depuis 2017, un signal visuel s’allume désormais sur la balise pour indiquer que l’activation a bien été reçue ! 

Nous avons également mis en place depuis janvier 2023 le service d’activation à distance, appelé Remote beacon activation. En utilisant le lien retour des satellites Galileo, il est alors possible d’activer à distance la balise à bord d’un avion ! Une petite révolution : cette fonctionnalité permettra de localiser un avion disparu, comme lors de la catastrophe du vol Malaysia Airlines MH370 en 2014. Aucun doute : Cospas-Sarsat est un allié incontournable pour les services de secours du monde entier.
 

À Terre, les antennes des stations de réception (dont celle du centre français, au CNES de Toulouse) reçoivent et transmettent les informations collectées par les satellites Cospas-Sarsat
À Terre, les antennes des stations de réception (dont celle du centre français, au CNES de Toulouse) reçoivent et transmettent les informations collectées par les satellites Cospas-Sarsat © CNES/DE PRADA Thierry, 2021.

Quizz

À quoi servent les satellites de localisation (GPS, Glonass et Galileo) ?

A - à détecter et localiser les balises activées

B - à localiser les balises en détresse détectées par les autres satellites

C - à observer la personne en détresse depuis l’espace pour vérifier si elle est toujours en vie

D - à envoyer un accusé de réception de l’alerte à l’utilisateur

A et D : Les charges utiles embarquées dans les satellites de localisation ont permis d’augmenter le nombre de satellites recevant les messages d’alerte émis par les balises. Un nouveau service y a été associé – le Return Link – pour fournir aussi un accusé de réception.