Scène du film « Ad Astra »
Scène du film « Ad Astra » © 20th Century Fox.

La planète Mars dans la fiction

Si la Lune a longtemps été la destination favorite des œuvres de fiction, Mars l’a détrônée depuis que les humains ont vraiment réussi à marcher sur la Lune. Que ce soit au cinéma, dans les séries, les livres ou les jeux vidéo, les occasions d’arpenter Mars ne manquent pas et nous avons déjà assisté plusieurs fois au premier « amarsissage » de l’Histoire… en attendant le vrai ?

 

Life on Mars 

Si Mars inspire tant les artistes, c’est souvent pour la possibilité d’y trouver de la vie. Et avant que des rovers y arpentent son sol, on pouvait même imaginer y croiser des cousins humains. Dans une courte nouvelle publiée en 1887, Maupassant fait une démonstration argumentée en faveur de cette hypothèse. Dans son Homme de Mars, il s’appuie sur la découverte, quelques années avant, par Giovanni Schiaparelli de l’existence de canaux rectilignes sur la planète rouge. Ces canaux seraient non seulement la preuve d’une présence de vie, vie qui doit compter de sacrés ingénieurs capables de créer des structures visibles depuis la Terre. Même si cette hypothèse a été discutée et rapidement dépassée dans la communauté scientifique, elle a servi longtemps d’argument dans les œuvres de fiction où le nom de Schiaparelli apparaît régulièrement. 

Les canaux de la planète Mars
Les canaux de la planète Mars révèlent en fait des vallées, des lits de rivières asséchés et des canyons, témoins d'une activité hydrologique passée © NASA/JPL-Caltech/USGS/MOLA Science Team.

En 1923 sort le livre Aelitia de Alexis Tolstoï, adapté dès l’année suivante au cinéma par Yakov Protazanov. C’est le premier grand film spatial russe. Là aussi, on y découvre une civilisation martienne vivant dans un incroyable décor expressionniste et géométrique. La caste des « aînés » y exploite sans scrupule et avec coups de fouet les ouvriers qui vivent dans les sous-sols de la planète. En épiant la vie des humains, les Martiens découvrent le plaisir des baisers mais s'inquiètent d’une possible « contagion des révoltes terriennes ». La référence aux révolutions communistes n'est même pas dissimulée, surtout quand les cosmonautes soviétiques encouragent les ouvriers martiens à briser leurs chaînes et créer « l’union des républiques socialistes de Mars ».

Partout où je vais, je suis le premier. C’est une sensation étrange. Je saute du rover, je deviens le premier homme à fouler ce sable. Je gravis cette colline, personne ne l’avait gravi avant moi. 4 milliards et demi d’années... personne... et maintenant… moi… je suis le premier homme à me retrouver sur une planète entière !

  • Extrait de « Seul sur Mars », 2015

De la vie sur Mars, on en retrouve aussi dans les années 50 dans plusieurs films hollywoodiens comme 24h chez les Martiens. Des astronautes vêtus de cravates qui espéraient être les premiers humains sur la Lune se retrouvent par erreur… un peu plus loin… sur la planète rouge. Ils découvrent les vestiges d’une grande civilisation victime de sa folie nucléaire. Les Martiens survivants de cet hiver atomique semblent « retournés à l’état sauvage ». Là aussi, la métaphore est grossière et la morale évidente : prenons garde à la prolifération des armes nucléaires sur Terre si nous ne voulons pas finir comme les Martiens.

Scène du film « Seul sur Mars » avec Matt Damon
Seul sur mars © 20th Century Studios/2015.

Survivre Seul sur Mars

Des équipages échoués sur Mars sans fusée pour repartir ou des astronautes oubliés sur place, la fiction regorge de ces histoires de naufragés. Ces récits éclairent de façon romanesque et souvent exagérée, les questions qui se posent vraiment aux agences spatiales pour préparer de longs voyages sur Mars : celle de l’approvisionnement, de la gestion psychologique de l’équipage, des risques liés à la météo martienne… Ces œuvres peuvent être classées dans le genre plus large des fictions de survie qui trouve logiquement sur une planète sans oxygène à respirer, ni eau à boire, ni aliments à manger, un bon terrain de jeu. Reprenant l’idée du film Robinson Crusoé sur Mars sorti en 1963, Seul sur Mars est sûrement l'œuvre la plus marquante du genre. 

Avant d’être un film de Ridley Scott en 2015, Seul sur Mars est le premier un roman de Andy Weir, passionné de sciences et de science-fiction et auteur de plusieurs livres spatiaux. Notre héros solitaire abandonné par erreur sur Mars, est botaniste, vraisemblablement pas mauvais en chimie et plutôt doué en calcul. Grâce à toutes ces compétences, il parvient à faire pousser des pommes de terre et à produire de l’eau pour les arroser. Seul sur Mars est aussi l’occasion de mettre en avant une vraie mission martienne, puisque le héros arrive à reprendre contact avec la Terre en redémarrant Pathfinder. Cet atterrisseur américain s’est posé sur la planète en 1997 soit 38 ans avant l’intrigue du film qui imagine le premier voyage sur Mars en 2035. Pathfinder qui avait déjà aidé les naufragés d’un autre film Planète rouge sorti en 2000. 

 

Quand les Terriens débarquent

Si les humains arrivent seuls ou en petit groupe pour commencer, il n’est pas rare de les voir débarquer en nombre très rapidement, voire de tenter de coloniser entièrement Mars. C’est ce qu’on découvre par exemple dans les Chroniques martiennes de Ray Bradbury. Ce recueil de nouvelles parues entre 1945 et 1950 dans plusieurs magazines est sûrement l’une des œuvres les plus importantes située sur Mars. Bradbury est l’un des rares artistes à prendre par moment entièrement le point de vue des Martiens qui voient les navettes arriver de la Terre. Bradbury interroge et condamne le comportement de ces colons terrestres qui s’installent, s’approprient et finissent par décimer les Martiens en important le virus de la varicelle. 

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- Savez-vous ce que nous ferons ? Nous la dépècerons, la dépiauterons et la transformerons à notre convenance. - Nous n’abîmerons pas Mars. C’est un monde trop vaste et trop avantageux. - Vous croyez ? Nous autres Terriens avons le don d'abîmer les belles et grandes choses.

  • Extrait de « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury

Dans les fictions, les raisons de s’implanter sur Mars ne manquent pas, mais celle qui revient le plus fréquemment c’est l’extraction de précieuses matières premières. C’est ce qu’on découvre dans les films Ghost of Mars, Total Recall ou dans les jeux vidéo de la franchise Red faction. Et pour pouvoir travailler et vivre dans de bonnes conditions, beaucoup d'œuvres imaginent des processus de « terraformation » de Mars afin de la doter d’une atmosphère respirable et des terres cultivables… Mais Mars la rouge est souvent capable de résister à ces transformations et spoliations. Dans Ghost of Mars, John Carpenter choisit de réaliser un véritable western où les Terriens ont remplacé les cow-boys et où un esprit magique de la planète est capable de les infecter. 

Scène du jeu « Red Faction, Guerrilla sur Mars »
Scène du jeu « Red Faction, Guerrilla sur Mars » © Volition/2009.

C’est où Mars ?

Dans les jeux vidéo et les BD, les artistes peuvent s'inspirer des images nombreuses et haute résolution que nous avons de la planète pour dépeindre de façon crédible le sol martien. La tâche est plus complexe au cinéma, où malgré les effets spéciaux et les décors de studio, les réalisateurs sont souvent contraints de tourner en décor naturel. C'est donc dans des déserts terrestres que les cinéastes vont chercher des « impressions martiennes ». Dans 24 heures chez les Martiens, les scènes extérieures ont été tournées en Arizona avec un simple filtre rose pour tenter d'imiter une dépaysante atmosphère martienne.  La récente série française Missions a trouvé un sol martien convaincant au Maroc. Mais si on en juge au nombre de films tournés, l'endroit sur Terre qui ressemble le plus à Mars est la vallée de Wadi Rum en Jordanie. Des scènes de Planète rouge, de Mission to Mars et tous les extérieurs de Seul sur Mars y ont été tournés.

Chameaux marchant dans le désert
Chameaux marchant dans le désert © Nikola Milcic

La course vers Mars : de Missions à Away

Depuis quelques années, le nombre de fictions se déroulant sur Mars explose. Les annonces de projets de voyages habités à destination de la planète ont probablement stimulé l’imagination des artistes. Et au-delà des problèmes techniques et scientifiques, ces œuvres abordent une question importante : qui paye le voyage ? Dans la série Away, c’est un consortium international qui organise le premier voyage martien avec à bord une américaine, un anglais, un russe, une chinoise et un indien. Les problèmes diplomatiques sont au cœur de l’intrigue : Russes et Américains peuvent-ils se faire confiance, qui sera le premier à poser le pied, qui fera la première déclaration… Dans la série française Missions, c’est une autre option qu’ont choisi les scénaristes qui imaginent une course vers Mars entre 2 milliardaires - toute ressemblance à des personnages existants n’est pas complètement fortuite !  Mais bien entendu, la plupart des productions hollywoodiennes imaginent surtout que se sont bien les Américains qui arriveront les premiers sur place. En guise de réponse, le film Captivity propose la vision russe de Seul sur Mars avec un cosmonaute isolé sur la planète. 

Au rayon BD, Mars Horizon réussit le pari de mélanger un propos plein de pédagogie mais aussi d’aventure et de sentiment. Le scénario est signé par Florence Porcel, journaliste et vulgarisatrice, et les dessins par Erwann Surcouf. Grâce à eux, on découvre un équipage paritaire avec notamment une héroïne pleine de vie, de courage et d’intelligence. Loin des rôles d’assistante des films hollywoodiens des années 50, comme dans Destination Mars où la seule femme de l’équipage (pourtant chercheuse) demande aux martiens qui les accueillent où se trouve la cuisine ! Pour le meilleur et pour le pire, les humains apportent et importent toujours leurs comportements dans leur scaphandre.

Illustration d’un astronaute regardant la surface de Mars
Mars Horizon © Editions Delcourt / 2017

Quizz

Quel élément vital manque aux astronautes dans le film Mission to Mars lorsqu'ils arrivent sur la planète rouge ?

A – De l'oxygène

B – De l'eau

C – La gravité

D – De la nourriture

A : Dans Mission to Mars, les astronautes doivent faire face à un environnement hostile sur Mars, où l'oxygène est absent dans l'atmosphère. La survie dépend de leurs combinaisons spatiales et de leur capacité à générer ou transporter de l'oxygène. Ce manque d'air respirable est une des grandes problématiques du film, amplifiant le danger et le besoin de trouver des solutions pour survivre sur la planète rouge.