Composé de cinq minuscules îles très éloignées les unes des autres - Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa, Bassas de India, les îles Éparses couvrent seulement 43 km2 mais représente 640 400 km² d’espace maritime sous juridiction française. Si elles sont revendiquées par Maurice ou Madagascar, elles permettent d’affirmer la présence de la France dans l’océan Indien ou le Canal du Mozambique aux côtés de La Réunion ou de Mayotte. Elles font partie en effet du territoire des TAAF - Terres australes et antarctiques françaises. La création d’aires marines protégées, de réserves naturelles ou de Parc naturel marin y renforce les stratégies de protection des milieux, de l’environnement et de la biodiversité alors que la gestion durable des ressources halieutiques devient un enjeu majeur.
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Les images de ce dossier ont été prises par un satellite Pleiades. Celle-ci, des Îles Glorieuse a été prise le 29 août 2019.
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Repères géographiques
Présentation de l’image globale
Les îles Éparses : enjeux géostratégiques, maritimes et environnementaux
Un ensemble de cinq îles minuscules dispersées entre le canal du Mozambique et l’océan Indien
Si dans l’océan Indien la France est présente avec les deux départements d’outre-mer que sont la Réunion et Mayotte, elle contrôle aussi les îles Éparses. Ce terme définit cinq îles minuscules, dispersées et très éloignées les unes des autres car s’étirant sur des centaines de kilomètres et peu connues du grand public. Dans l’océan Indien se trouve - bien isolée - l’île de Tromelin au nord de la Réunion. Dans le canal du Mozambique qui sépare le continent africain de la grande île de Madagascar se trouvent par contre du nord au sud un chapelet de quatre îles : les Glorieuses, Juan de Nova, Bassas de India et Europa.
Minuscules donc trop petites, isolées, difficilement abordables par voie maritime, sans eau potable et sans importantes ressources terrestres, elles sont demeurées pour l’essentiel inhabitées. Il faut en effet pour en analyser les dynamiques spatiales bien garder en mémoire les échelles de grandeur et l’importance des distances : 1 400 km séparent les Glorieuses au nord d’Europa au sud, avec des îles qui s’étirent du 10° au 25° de Latitude Sud. Europa se trouve elle-même à 1 500 km de La Réunion, avec entre les deux la grande île de Madagascar. Et 1 650 km séparent Europa de Tromelin. Nous sommes bien là dans un système géopolitique et géostratégique extrêmement dilaté et éclaté, d’échelle véritablement continentale.
Les îles Éparses : enjeux maritimes et géostratégiques
Si cet ensemble insulaire ne dépasse pas au total une superficie émergée de 43 km², son contrôle par la France lui permet de disposer de mers territoriales puis de Zone Économique Exclusive, mises en place dès 1978, couvrant un espace maritime considérable. La superficie des ZEE cumulées est en effet de 640 400 km², un rapport très intéressant : chaque km2 terrestre y correspond à 14 882 km² de surface maritime. Au total, les Éparses représentent 6 % des 11 035 000 kilomètres carrés d’eaux territoriales et de Zones Economiques Exclusives françaises, soit le second domaine maritime mondial après les États-Unis. A l’échelle régionale, on estime que les 355 600 km² de ZEE des Glorieuses, Juan de Nova, Bassas de India et Europe couvre 40 % de la superficie du canal du Mozambique. Plus de 50 % si on y ajoute la ZEE de Mayotte.
Au plan géostratégique, le canal du Mozambique est un vaste bras de mer couvrant 900 000 km² et mesurant 1 600 km de long et 419 km de large dans son passage le plus étroit entre les côtes orientales de l’Afrique et la grande île de Madagascar. Il constitue un passage maritime essentiel en reliant l’Europe à l’Asie par le Cap de Bonne Espérance. Même si l’ouverture du canal de Suez en 1869 a sensiblement affaibli son rôle logistique du fait du détournement de trafic, son activité maritime côtière et de cabotage y est intense, tout comme les échanges commerciaux régionaux ou intercontinentaux. On estime que 5 000 navires y passent par an. Il reprend d’ailleurs toute sa place lorsque le canal de Suez est soit fermé, huit ans entre 1967 et 1975 à la suite de la guerre des Six Jours, soit bloqué, comme en mai 2021 à la suite de l’échouage de l’Ever Given.
Dans ce contexte, si les îles Éparses - à moins d’énormes travaux comme ceux réalisés par la Chine en Mer de Chine méridionale - peuvent difficilement accueillir d’importantes implantations militaires, elles constituent cependant un indéniable relais de puissance permettant d’affirmer la présence française dans cette zone du monde.
D’autant que ces eaux se révèlent d’une grande richesse halieutique, en particulier dans les thonidés et que la pêche est donc la principale activité économique de ces eaux. Ce qui pose bien sur la question de la gestion durable de ces ressources. Par exemple, depuis 1994 la pêche est totalement interdite dans les eaux territoriales des Éparses puis autour du Banc du Geyser depuis 2010. Au-delà, la pêche hauturière est autorisée pour les thons tropicaux entre mars et juin selon les migrations saisonnières des espèces. Ces possibilités sont exploitées soit directement par des armements français, basés en particulier à La Réunion, soit par la vente de droits de pêches, en particulier à des intérêts espagnols. Ces licences de pêche sont attribuées à partir du bilan annuel réalisé par le comité scientifique de la Commission des Thons de l’Océan Indien - CTOI qui évalue l’état de la ressource afin d’un maintenir une exploitation raisonnée. Pour autant, du fait de l’immensité des espaces maritimes concernés et de leur éloignement, ces eaux s’avèrent difficiles à surveiller face aux prélèvements illicites.
De nouveaux enjeux énergétiques : une odeur de pétrole offshore
Ces îles permettent donc de posséder les eaux et leurs richesses halieutiques d’un côté, les fonds marins et leurs richesses potentielles - gisements subaquatiques, nodules polymétalliques sous-marins... ? - de l’autre. Dans ce cadre, il faut prêter attention aux spectaculaires découvertes d’hydrocarbures off-shore réalisées ces dernières années sur le versant africain du canal du Mozambique, en particulier dans la région de Cabo Delgado dans le nord-est du pays. Selon des évaluations publiées par l’US Geological Survey en 2012, la zone pourrait renfermer des réserves s’élevant de 6 à 12 milliards de barils de pétrole et plus de 5 milliards m3 de gaz.
Dans ce contexte, Paris a décidé en février 2020 de refuser de prolonger un permis de recherche d’hydrocarbures offshores accordé à deux compagnies, sud-africaine et étasunienne, au large de l’île de Juan de Nova dans les îles Éparses. Présentés comme des sanctuaires océaniques de nature primitive disposant d’un patrimoine biologique terrestre et marin remarquable, ces îles sont classées réserves naturelles et « mises sous cloche » en devenant une réserve naturelle nationale en 2020.
Alors que Madagascar demeure un des pays les plus pauvres du monde et connait une crise énergétique structurelle - délestages réguliers, pénuries d’essence, déboisement pour la production de charbon de bois...- cette odeur de potentiel pétrole offshore participe de la réactivation des revendications territoriales de Madagascar sur les îles Éparses en français, les « Nosy Malagasy » pour Antananarivo.
Les Éparses face aux revendications territoriales de trois États voisins
Au total, ces îles font l’objet de revendications de souveraineté de trois États voisins. L’Union des Comores revendique toujours Mayotte, devenue un département et une région d’outre-mer - DROM. L’île de Tromelin, dans l’océan Indien, est revendiquée par Maurice depuis 1976. Enfin, Madagascar convoite les îles de Juan de Nova, Europa, Bassas de India et Glorieuses.
A l’issue de deux guerres, Madagascar et sa couronne insulaire deviennent en 1896 une colonie française. Face à la montée des revendications d’indépendance nationale, Madagascar devient en 1958 une république autonome, membre de la Communauté française. Dans ce contexte, les îles Éparses sont administrée jusqu’en mars 1960 depuis Tananarive dans le cadre du gouvernement général de Madagascar.
Mais trois mois avant l’indépendance de Madagascar, un décret du 1er avril 1960 les détache pour les placer sous l’autorité du ministre chargé des Départements d’outre-mer et des Territoires d’outre-mer qui en transfère l’autorité administrative au préfet de la Réunion. Cette disposition fait sortir des îles Éparses de l’accord préalable à l’indépendance acquise le 26 juin 1960.
Depuis la crise de 1972/1973 qui aboutit à la fermeture des bases militaires françaises dans la Grande île et au départ de Madagascar de la Zone Franc, le gouvernement malgache réclame régulièrement la restitution des îles Éparses à la France. Depuis les deux États sont dans un face-à-face régulier. Fin 1973, alors que Madagascar définit ses eaux territoriales en y incluant ces îles, Paris réagit en installant de petits contingents militaires à Juan de Nova, Europa et Glorieuses avant de les classer en « réserves naturelles intégrales » fin 1975 à l’exception de Juan de Nova... C’est dans ce contexte que les îles Éparses sont rattachées aux TAAF.
Le rattachement des îles Éparses aux TAAF - Terres australes et antarctiques françaises
Collectivité d’outre-mer créée en aout 1955, les Terres australes et antarctiques françaises regroupent initialement les îles australes de Crozet, Kerguelen, Saint Paul et Amsterdam d’un côté, la Terre Adélie sur le continent antarctique de l’autre. Ce dispositif administratif et géopolitique est réorganisé en février 2007 en trois districts distincts, à la tête duquel est nommé un chef de district qui est selon les textes représentant de l’État, officier de police judiciaire et d’état-civil, chef de service, garde-pêches et douanier. Les trois districts sont équipés d’une base habitée en permanence par un petit effectif symbolique, au total environ 300 personnes durant l’été austral, la moitié en hiver, et ce pour des séjours qui ne dépassent pas un an.
Dans ce cadre, on compte trois districts : le district antarctique de Terre Adélie, le district des îles australes et, grande nouveauté, le district des îles tropicales des Éparses. Dans ce contexte, les TAAF sont les gestionnaires des îles Éparses depuis 2005. Les TAAF sont gérées à partir de La Réunion par un préfet-administrateur supérieur qui a en charge la défense des intérêts nationaux, le respect des lois, l’ordre public, la sécurité, la protection des personnes et l’exécution des engagements internationaux.
Au plan sécuritaire et militaire, les Iles Éparses dépendent des moyens maritimes et aériens des Forces armées françaises de la zone sud océan Indien, les FAZSOI. La présence militaire française est assurée pour les Glorieuses par le détachement de la Légion étrangère présent à Mayotte, pour les îles de San Juan de Nova et Europa par un détachement du 2em RPIMA - régiment parachutiste d’infanterie de marine de la Réunion. Ces détachements militaires sont relevés environ tous les 45 jours par avion.
Du fait de leur état de conservation environnemental avec des écosystèmes faiblement anthropisés, les îles Éparses sont l’objet de grands programmes de recherche dirigés par un consortium associant le CNRS, les TAAF, l’OFB - Office français de la biodiversité, l’Institut de recherche pour le Développement - IRD, l’IFREMER...
Zooms d’étude
Zoom 1. Iles Glorieuses : une position stratégique à l’entrée septentrionale du canal du Mozambique
Comme le montre l’image, l’archipel des Glorieuses est composé de plusieurs ensembles inhabités ; les terres émergées couvrant au total 7 km2 et culminant à 12 m. Le banc sablo-coralien qui s’étend sur 16 km selon une orientation du sud-ouest au nord-est réuni d’un côté l’île de la Grande Glorieuse et de l’autre les îlots du Lys, ou Petite Glorieuse, complétés de l’île aux Crabes et des Roches Vertes. La Grande Glorieuse apparait comme une île de sable plate de 2 km de diamètre bordées par un récif corallien. Du fait de sa taille, elle porte une piste d’atterrissage, une station météorologique et un petit poste militaire. Située 10 km au nord-est, l’île du Lys mesure 600 m. dans sa plus grande longueur, est formée de calcaires coralliens et culmine à 5 m au-dessus de la mer.
Situées au nord du dispositif des Éparses, les Glorieuses occupent une place stratégique à l’entrée septentrionale du canal du Mozambique. Elles se situent à 253 km au nord-est de Mayotte et à 222 km de Nosy-Be à Madagascar. Elles sont au contact maritime avec les eaux des Seychelles, de Madagascar et des Comores. Les délimitations frontalières avec les Seychelles ont été définitivement fixées par les accords frontaliers du 19 février 2001. Au total, la ZEE s’étend sur 43 614 km2 ; elle comprend en effet le banc corallien du Geyser qui s’étend à 122 km au sud-ouest. Soit à titre de comparaison l’équivalent de 91 % de la Région Bourgogne Franche-Comté.
Les Glorieuses ont été un laboratoire des stratégies de protection de l’environnement. En 1975, leur classement en réserve naturelle permet d’en interdire l’accès aux touristes et d’en restreindre l’accès aux militaires et aux scientifiques français. En 2012, le Parc naturel marin des Glorieuses couvre une large partie de ces eaux. Il est remplacé en juin 2021 par la Réserve naturelle nationale de l’archipel des Glorieuses. Au total, des Glorieuses à Mayotte, ce dispositif permet de constituer une grande zone maritime conjointe sous souveraineté française.
Repérées en 1751, par le navire français Le Glorieux, ces îles deviennent officiellement françaises en 1892, trois ans avant la colonisation de Madagascar. Initialement rattachées à la colonie française de Mayotte en 1897, ces îles sont gérées à partir de 1908 par le gouvernement général de Madagascar. Depuis 1955, la station météorologique de l’île participe de la prévision des cyclones dans l’espace compris entre le nord de Madagascar, les Comores et Mayotte et sécurise le trafic maritime et aérien sur les axes Madagascar-Djibouti-Madagascar et Kenya-Maurice-Kenya. 15 militaires du détachement de la Légion étrangère de Mayotte (DLEM) y assurent en permanence la souveraineté française sur l’île. Régulièrement, des navires de pêche originaires de Madagascar ou des Seychelles sont arraisonnés dans ces eaux pour braconnage et pêche illégale.
La Grande Glorieuse avec sa piste, sa station météo et son poste militaire
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La Petite Glorieuse ou île du Lys
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Carte de localisation les Glorieuses
Repères géographiques
Zoom 2. Juan de Nova : une île importante au centre du dispositif
Comme l’indique la carte générale, Juan de Nova occupe une position importante en étant située presque au centre du système des îles Glorieuses dans le canal du Mozambique, à 150 km de Maintirano et Madagascar à l’est et à 280 km du littoral de l’Afrique orientale à l’ouest. Comme le montre bien l’image, cette île est en forme de croissant de 5 km², qui mesure 6 km de longueur et 1 600 de largeur. Composée de collines rocheuses et de dunes de sable culminant à 12 m. d’altitude, elle est protégée par un vaste lagon entouré d’une barrière corallienne sensiblement plus marquée au sud qu’au nord. Couvrant plus de 200 km², ce complexe récifal est le plus étendu de toutes les îles Éparses. La Zone Économique Exclusive de Juan de Nova est de 61 050 km², soit à titre de comparaison 88 % de la surface de la Région Auvergne Rhône-Alpes. Afin d’assurer le contrôle de l’île, une piste d’atterrissage est construite en 1929 et renforcée en 1934 et un petit poste militaire est installé en 1973, qui accueille aujourd’hui une quinzaine de militaires relevés régulièrement.
Une des particularités de l’île a été d’accueillir jusqu’en 1972 une exploitation minière de phosphates, dont les dépôts dans les petites dépressions étaient liés à la transformation du guano, né de l’accumulation d’excréments d’oiseaux de mer, exploité de 1900 à 1968. Cette activité a en partie remanié la structure de l’île avec la construction d’habitats, d’un jardin potager, la création d’une cocoteraie pour produire du coprah... On retrouve là une activité qui a touché de nombreuses autres îles tropicales comme Clipperton, les Chinchas ou Makatea. On peut, par exemple, rappeler qu’en 1856, dans le cadre de la course impériale aux îles du Pacifique, le Congrès des États-Unis adopta même le Guano Island Act ; il permettait à tout citoyen étasunien de revendiquer toute île - inhabitée et non déjà revendiquée - susceptible de contenir du guano, qui servait alors d’engrais agricole. Cet acte permit à Washington de prendre possession de nombreux îlots et îles - Baker, Bajo Nuevo, Howland, Jarvis, Johnston, Kingman, Midway, Navasse, Serranilla, Palmyra - et de transformer une partie de l’océan Pacifique en « lac étasunien ».
Île Juan de Nova
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Images prise par un satellite Pleaides le 21 mars 2013
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Zoom 3. Bassa de India : un atoll à fleur d’eau
Comme le montre bien l’image, Bassas de India est un atoll corallien situé au ras de l’eau et qui ne peut être repéré que de jour et à marée basse, la partie émergée couvrant alors seulement 1 km2. Seuls quelques roches situées au nord de l’atoll émergent en permanence de 2 à 3 m de hauteur. Ceci y explique historiquement un certain nombre de naufrages. Sans possibilité de mouillage et alternativement couverte et découverte par le jeu des marées, l’île de Bassa de India est donc inhabitable et difficilement accessible. Par contre elle est constituée d’une couronne formant un cercle de 10,5 km de diamètre isolant un lagon peu profond de 14 m maximum, mais d’une superficie de 86,5 km².
Malgré ces fortes contraintes naturelles, Bassa de India représente deux atouts majeurs. Elle permet de disposer d’une ZEE de 123 700 km², soit l’équivalent de 22 % de la superficie de la France métropolitaine. Elle occupe une position centrale dans le canal du Mozambique. Elle se trouve en effet à 450 km du cap Saint-Sébastien du Mozambique côté africain et à 380 km à l’ouest de Morombé côté malgache et à 130 km au nord-ouest d’Europa, autre île Éparses française.
Bassa de India
Repères géographiques
Images prise par un satellite Pleaides le 7 décembre 2012
(C) Contient des informations PLEIADES © CNES2012, Distribution Airbus DS, tous droits réservés.
Zoom 4. L’île Europa : la géante des îles Éparses
Comme le montre l’image, Europa est une petite île basse ayant la forme d’un pentagone et d’une superficie de 30 km² grâce à son lagon intérieur. Dans ce grand atoll, on distingue bien à l’extérieur la ceinture de son récif frangeant, couvrant une superficie de 10 km², presque continue. Il s’ouvre en effet au nord par une petite passe qui dessert un lagon interne de 9 km², lui-même ceinturé par une mangrove de 700 ha. bien visible du fait de sa couleur vert foncé. Le reste de l’île est constitué d’une table basse portant une ceinture de dunes culminant à 7 m de haut. Ses plages en font le plus important lieu de ponte de l’océan Indien pour les tortues vertes.
Au sein des îles Eparses, Europe présente deux intérêts majeurs. Si elle est située comme les autres dans le canal du Mozambique à 496 km de la côte est de l’Afrique et à 292 km de la côte ouest de Madagascar. Surtout, sa situation singulière lui offre la première ZEE de la région, soit 127 300 km², devant Basssas de India. Au total, il convient de souligner que les ZEE contigües d’Europa et de Bassas da India constituent un ensemble maritime de grande ampleur de 251 000 km, soit un peu moins de la moitié de la France métropolitaine
Surtout, avec ses 30 km² de surface, elle fait figure de géante en représentant 70 % de la totalité de la surface des îles Éparses. L’île accueille depuis 1949 une station météorologique et une piste d’atterrissage en 1950 qui a été transférée dans le nord de l’ile et modernisée dans les années 1970. Du fait de sa taille, la France y maintient une présence permanente depuis 1950 avec la présence d’une quinzaine de personnels militaires et civils relevés tous les 45 jours.
Ile Europa
Repères géographiques
Images prise par un satellite Pleaides le 10 novembre 2015
(C) Contient des informations PLEIADES © CNES2015, Distribution Airbus DS, tous droits réservés.
Zoom 5. L’île de Tromelin : une île aux fortes contraintes et disputée de l’océan Indien
Comme le montre l’image satellite, Tromelin est un petit îlot corallien sablonneux très plat de forme ovale. Couvrant seulement 1 km², il mesure 1 600 m de long et 700 m de large. De par sa position et sa structure, les conditions y sont fortement hostiles : forte salinité, vents violents sans position d’abri, risque cyclonique régulier avec des houles puissantes dont les vagues les plus hautes peuvent parfois recouvrir l’îlot. Les conditions d’accès y sont difficiles, d’où l’importance de la piste aérienne bien visible qui barre l’essentiel de l’île
L’île de Tromelin se situe non pas dans le Canal du Mozambique comme les autres îles Éparses mais dans l’océan Indien à 560 km au nord-ouest de la Réunion et à 460 km du cap Masaola de Madagascar. Du fait de sa position très isolée, Tromelin permet le contrôle d’une ZEE de 285 000 km². Découverte en 1722 par un vaisseau de la Compagnie français des Indes faisant route de l’île de la Réunion vers les Indes, l’île est successivement gérée dans le cadre impérial par l’île Maurice, ancienne île de France, puis par l’ile de La Réunion, ancienne île Bourbon. Elle est rattachée au Ministère des DOM-TOM en avril 1960, en même temps que les îles Éparses du canal du Mozambique.
Une station météorologique permanente y est installée en mai 1954 afin d’assurer la veille cyclonique dans la région du Sud-Ouest de l’océan Indien, nécessitant la construction de la piste d’atterrissage de 1 050 m de long. Cette station météo est automatisée en 2011. Pour autant, une toute petite équipe du personnel des TAAF y assure régulièrement la présence française. En effet, Tromelin est revendiquée par l’île Maurice.
Tromelin dans un cadre large
Ie Tromelin
Repères géographiques
Images prise par un satellite Pleaides le 30 mai 2016
(C) Contient des informations PLEIADES © CNES2016, Distribution Airbus DS, tous droits réservés.
D’autres ressources
Sur le site Géoimage du CNES : le canal du Mozambique dans son cadre géostratégique
Jean-Luc Martineau : Djibouti - Un Etat stratégique de la Corne de l’Afrique au débouché de la Mer rouge et du détroit de Bab-el-Mandeb
/geoimage/djibouti-un-etat-strategique-de-la-corne-de-lafrique-au-debouche-de-la-mer-rouge-et-du-0
Elise Dallier et Pierre Denmat : Djibouti / Yémen - Le détroit de Bab el-Mandeb : un verrou maritime géostratégique entre la mer Rouge et l’océan Indien
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Laurent Carroué : Océan indien : BIOT - Diego Garcia, une base aéronavale géostratégique pour les États-Unis
/geoimage/ocean-indien-biot-diego-garcia-une-base-aeronavale-geostrategique-pour-les-etats-unis
Sites et documentation
Site des Terres Australes et Antarctiques françaises
https://taaf.fr/
Bibliographie de l’auteur
Laurent Carroué : Géographie de la mondialisation. Crises et basculements du monde, coll. U, Armand Colin. 2019.
Laurent Carroué : Atlas de la mondialisation. Une seule terre, des mondes. Coll. Atlas, Autrement, Paris, 2020.
Contributeur
Proposition : Laurent Carroué, Inspecteur général de l’Éducation nationale, du sport et de la recherche, directeur de recherche à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII)