PACA. La Provence verte, un arrière-pays varois rural multifonctionnel aux marges de trois agglomérations majeures

La région est parfois désignée sous le nom de « Centre-Var », de « Brignolais », région de Brignoles, ou encore d’« arrière-pays varois ». C’est pourtant l’expression de Provence verte qui a été choisie lors de la création du « Pays de la Provence Verte », associant la communauté d’agglomération de la Provence Verte, autour de Saint-Maximin et de Brignoles, et la communauté de communes Provence Verdon, au nord de l’espace considéré. Si la région se caractérise par une forte proportion d’espaces naturels, elle est aussi sous l’influence de deux petites villes de tailles similaires : Brignoles et Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Mais surtout, à la rencontre des aires d’influences de Marseille, Aix et Toulon, les dynamiques régionales sont emblématiques des mutations d’un arrière-pays rural de plus en plus multifonctionnel. On y assiste au déversement des fonctions secondaires d’espaces métropolitains ou littoraux saturés et à l’essor du périrubain ou du rurbain avec l’arrivée d’actifs cherchant foncier accessible et un certain cadre de vie.

 

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Repères géographiques

 

Doc 1. La Provence verte : un arrière-pays rural en évolution

 

 

 

 

Présentation de l’image globale

La Provence verte, un arrière-pays rural varois en mutation et sous pression

Le paradoxe d’une Provence verte

Plusieurs éléments inscrivent cet espace dans une fore identité provençale. Le premier est historique, puisque la région a été incluse dans le comté de Provence de son origine à son terme, soit pendant près de 800 ans. C’est dans la ville de Brignoles que se tient la première assemblée du Parlement de Provence, dans le palais des comtes de Provence, au XVIe siècle. Le second est paysager. On distingue en effet sur l’image des villages perchés, typiquement méditerranéens, à l’image de l’incastellamento italien. Parmi les villages perchés, on compte par exemple Seillons-Source-d’Argens, Le Castellet ou encore Evenos.

Le milieu et le paysage provençaux sont visibles non seulement dans l’urbanisme mais aussi dans l’agriculture puisque les champs que l’on distingue, notamment dans la dépression de Saint Maximin à Brue-Auriac, ont longtemps cultivé la célèbre triade méditerranéenne : oliviers – vignes - blé ; qu’une triade plus récente – vignes – maraîchage – oliviers - est venue remplacer, en particulier grâce aux importants travaux hydrographiques réalisés. Enfin, l’image expose un paysage de collines, dont le relief calcaire correspond aux collines de Provence. Par endroit, des dépôts argileux soulignent encore ce caractère provençal, puisque les tomettes de Provence ont longtemps été une spécialité de Salernes, à l’est de Cotignac, et que la région perpétue la tradition des santons de Provence.

Cependant, le premier élément d’appartenance à la Provence semble être le climat méditerranéen, se caractérisant par un ensoleillement prononcé et une sècheresse estivale. Ainsi, il paraît d’abord difficile d’associer la couleur verte à des espaces marqués théoriquement par la sècheresse. Pourtant, l’image présente bien celle d’une Provence verte pour une raison évidente : le vert foncé est la couleur ultra-dominante de cet espace. Cette couleur correspond à des espaces de forêts, principalement de chênes blancs et de chênes verts. Si, par endroits, des incendies ont pu laisser place à une végétation de remplacement qui correspond davantage aux paysages retenus pour illustrer la Provence, ceux de la garrigue et du maquis, force est de constater le caractère préservé de cette forêt et son emprise spatiale dans la région.

Si cette région de la Provence est verte, c’est d’abord parce qu’elle est bleue. L’arrière-pays du Var constitue ainsi le château d’eau de la Provence, bien illustré par le fameux canal qui y puise une partie de son eau. De nombreux canaux, publics ou privés, irriguent les cultures que l’on y observe. Cette richesse en eau s’illustre également par l’abondance des sources dont les résurgences sont rendues possibles par le modelé karstique. Parmi les nombreuses sources présentes sur cet espace, les deux plus importantes sont celles de l’Argens et du Caramy. Le centre de Cadarache - premier centre de recherches nucléaires d’Europe dopé par l’immense chantier d’ITER - lui-même mobilise l’eau de la Durance. Les nombreuses ripisylves que l’on observe, si visibles au sud de Pourrières ou à proximité de Montfort-sur-Argens, témoignent enfin de l’importance des cours d’eau dans le développement de la végétation.

Si la région est provençale et verte, l’expression de « Provence verte » est pourtant récente. Appellation du « pays » créé par la loi Voynet de 1999, elle correspond davantage à une stratégie de marketing territorial qu’à une unité géographique ancienne, l’expression ayant sans doute été préférée à celles de « Centre Var » ou « d’arrière-pays varois », cette dernière indiquant que les principales dynamiques sont externes à la région. Les dynamiques internes à cet espace sont « vertes » : agricoles et touristiques.

Une Provence rurale aux tourismes vert et religieux

De nombreux facteurs contribuent à la ruralité de cet espace. Le premier est démographique. La région présente de faibles densités dans sa partie nord (Provence Verdon) avec des densités de populations inférieures à 30 habitants par kilomètre carré. Dans sa partie Sud également, de nombreux villages concentrent moins de 2000 habitants, voire moins de 1000 habitants. L’importance du centre de recherche de Cadarache souligne indirectement cette ruralité : une telle installation ne peut se faire que dans un milieu rural. Cette ruralité tient également à l’importance de l’activité agricole. La région présente de nombreuses exploitations viticoles protégées par l’AOC coteaux varois de Provence, dans la partie Ouest du territoire, et Côtes-de-Provence, dans sa partie Est. Cet espace permet aussi des cultures maraichères et, dès le XVIe siècle, la ville de Brignole se spécialise dans la prune séchée (la pistole). Les nombreux moulins à huile, comme celui de Tourves, rappellent aussi l’importance de la culture d’oliviers, qui connaît un nouveau dynamisme aujourd’hui, avec la rénovation de nombreuses restanques, comme sur la commune de Correns. Cette ruralité est, enfin, culturelle puisque de nombreuses fêtes et foires animent les villages.

La région est rurale, agricole mais aussi touristique. Ce tourisme valorise d’abord des lieux naturels remarquables. Il s’agit d’un tourisme vert qui se concentre autour des gorges du Verdon, dont les paysages du canyon sont connus à l’échelle nationale voire internationale. Ce site est ainsi celui d’un tourisme de masse mais il peine à associer son arrière-pays et connaît un fort phénomène de saisonnalité. Les Parcs Naturels Régionaux, du Massif de la Sainte Baume, au Sud, ou du Verdon, au Nord, attirent un tourisme vert qui est principalement orienté vers l’activité de randonnée. Enfin, d’autres lieux naturels remarquables comme les gorges du Caramy ou le Vallon Sourn, dans le canyon de l’Argens, sont des lieux de loisir plus que de tourisme et profitent aux populations locales davantage qu’aux touristes. Les gorges du Verdon font ainsi figure d’isolat d’un tourisme de masse au milieu d’une région de tourisme vert qui pâtit d’une distance à la fois trop forte et trop faible à la côte, subissant sa concurrence sans profiter de son attractivité. Le tourisme est vert mais il est aussi religieux. La région est un espace de pèlerinage qui associe la grotte dans laquelle Marie-Madeleine aurait trouvé refuge, dans le Massif de la Sainte Baume, après avoir évangélisé la Provence, et la basilique de Saint-Maximin, qui abrite ses reliques. Ces deux lieux religieux expliquent l’importance du fait religieux dans la région, qui compte également de nombreux couvents : les moniales dominicaines à Saint Maximin, l’abbaye romane de La Celle du XIIe siècle ou encore le monastère de Cotignac.

Si la région se caractérise par sa ruralité, elle ne s’émancipe pas d’une hiérarchie urbaine qui la place sous l’influence de différentes villes. Son statut d’arrière pays sous-entend bien que les dynamiques principales de l’espace lui sont, en réalité, externes.

Un axe provençal sous influence urbaine

La région a hérité d’une longue tradition de passage comme le prouve les vestiges de la voie romaine qui la traverse, la Via Julia Augusta, soit le prolongement de la Via Aurelia, dans sa section reliant Plaisance à Arles. Si l’ancienne route pavée contournait l’actuelle ville de Saint Maximin, Tourves (Turris) y occupait une position stratégique de relais. Cet axe Est-Ouest est aujourd’hui encore stratégique, bien que ses pôles soient modifiés. Il s’agit aujourd’hui de la route reliant Aix-en-Provence à Nice, bien symbolisée par cette portion de la Nationale 7, de route royale à « route des vacances ». L’importance de cet axe se manifeste surtout à travers la présence de l’autoroute A8 dont on note qu’elle dessert les deux villes de Saint-Maximin et Brignoles, évitant tout effet tunnel, pour l’une ou l’autre. Cet axe a également longtemps été un axe minier.

Cette région de la Provence est verte, par la présence de la forêt, bleue, par l’importance de l’irrigation, et enfin, rouge, pour l’importance historique que les mines de bauxite y ont eu. La région est en effet très riche en bauxite karstique, principalement dans le Sud de l’espace considéré, entre Mazaugues et Brignoles. Entre le milieu du XIXe siècle et les années 1960, près d’un millier de familles de mineurs vivaient de l’extraction des mines. Le minerai était transformé dans les anciennes usines de Rousset, Saint Auban ou encore Gardanne. Sa couleur a donné aux mineurs le surnom de « gueules rouges ». Cependant, la concurrence étrangère et l’épuisement des gisements a provoqué la fermeture des dernières mines dans les années 1980. Brignoles s’imposait alors comme le centre de cette exploitation.

Difficile, pourtant, à première vue, aujourd’hui, d’établir une hiérarchie urbaine entre Brignoles et Saint-Maximin, deux villes de tailles comparables d’environ 16.000 habitants qui constituent deux pôles locaux de services, de commerces et de loisirs. Si l’une bénéficie d’un avantage historique comme ville plus ancienne et longtemps plus grande, l’autre mise sur son atout religieux et, surtout, sur sa situation favorable à la périurbanisation. Brignoles a été la ville des comtes de Provence, dont elle abrite aujourd’hui le musée. Elle reste sous-préfecture du Var. La ville est historiquement plus importante dans ses fonctions comme dans sa population. Pourtant, alors qu’elle semble subir un déclin, bien illustré par la fermeture de ses mines et la fermeture de son tribunal,  la ville de Saint-Maximin suit pour sa part une trajectoire ascendante.

C’est la situation géographique de cette dernière qui semble lui donner l’avantage déterminant. Ainsi, l’évolution démographique des deux villes est très contrastée : alors que la population de Brignoles croît lentement depuis les années 1950, celle de Saint-Maximin s’envole depuis les années 1990, profitant de la proximité d’Aix-en-Provence, d’Aubagne mais aussi de Marseille.

Le front de périurbanisation partant de ces dernières villes semble avoir intégré toute la commune de Saint-Maximin mais ne pas avoir atteint la ville de Brignoles. Le dynamisme démographique de la région ne lui est donc qu’en partie intrinsèque. Il dépend directement des emplois des grandes aires urbaines. C’est surtout cette dynamique qui inscrit le territoire dans une logique d’arrière-pays, parce que ses activités dépendent directement des territoires alentours.


 

Zooms d’étude

 

Zoom 1. Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, pôle local d’une Provence en voie de périurbanisation/ rurbanisation

Une Provence rurale

La ruralité de l’espace se traduit dans l’occupation du sol. Elle tient à l’importance des espaces naturels et de l’activité agricole. L’espace se caractérise par sa couleur verte, qui marque la présence de la forêt, de chênes, en l’occurrence : sur la montagne du Deffends, au Sud-Ouest de Saint-Maximin, comme sur le Défens, à l’Est de Bras. Les toponymes sont ici des indices de l’exceptionnelle conservation de ces forêts. Les terres y étaient « défendues » aux paysans et réservées aux seigneurs locaux. Encore aujourd’hui, l’immense majorité des terrains du Deffends sont des grandes propriétés privées parcourues par les randonneurs.

L’agriculture, dans la dépression de Saint-Maximin formée par la présence d’un ancien lac, s’étend sur un territoire au relief plat qui contraste avec les parcelles morcelées de forêts sur les collines des alentours de Tourves. Ces espaces concentrent pourtant les mêmes cultures principales : le maraîchage, d’abord, qui profite de sols fertiles, et la vigne, ensuite, qui bénéficie de l’appellation d’origine contrôlée « Coteaux varois de Provence ». L’agriculture et la forêt doivent leur présence à l’irrigation naturelle et anthropique de la région. Les ripisylves permettent de repérer le Caramy, sur la portion entre Tourves et Brignoles, mais aussi Le Cauron, qui relie Bras à Saint-Maximin. A cette échelle, le canal de Provence est également très visible au Sud de Saint-Maximin. La région conserve donc une identité rurale mais aussi provençale, puisque la résolution de l’image satellitaire permet de distinguer des toits en tuiles mais aussi de nombreuses centrales solaires photovoltaïques, témoins d’un climat caractérisé par son ensoleillement.

Cette Provence rurale est aussi une ancienne Provence minière. Le musée des Gueules Rouges, ouvert à Tourves en 2012, retrace l’histoire minière de la région du Centre-Var entre le milieu du XIXe siècle et les années 1980. La voie de chemin de fer, qui n’est plus en service aujourd’hui, était directement liée à cette exploitation.

La domination d’un pôle local en développement

Pourtant, cet espace rural et ses dynamiques sont marqués par la présence du fait urbain. La ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume polarise l’espace en offrant des emplois, des services et des commerces. Ainsi, les enfants résidant à Bras, Ollière et Tourves, sont scolarisés, dès le collège, à Saint-Maximin.

La ville s’est développée sur un site de plaine, qui n’était pas un carrefour mais, plutôt, une étape sur le chemin qui menait à Aix-en-Provence, la via Julia Augusta de l’Antiquité. Elle se développe à partir du XIIIe siècle et de la découverte de tombeaux attribués à Saint-Maximin (premier évêque d’Aix-en-Provence) et de Sainte Marie-Madeleine, qui aurait trouvé refuge dans une grotte de la Sainte-Baume (« bauma » signifiant, en provençal, la grotte). L’ensemble religieux qui est alors construit est, encore aujourd’hui, au cœur de Saint-Maximin, dont le tissu urbain dense se distingue sur l’image. Le « pré de foire » témoigne du rôle de centre commerçant de la ville dès le Moyen Age. Or, cet espace de tissu urbain dense est réduit, indiquant que la ville a conservé une taille réduite pendant des siècles.  

C’est aujourd’hui pourtant bel et bien un étalement urbain important qui est à l’œuvre. A proximité directe du centre-ville, un tissu urbain moins dense et la présence du vert permet de deviner des pavillons avec jardins, et souvent, avec piscine. Cet étalement urbain pavillonnaire se dirige principalement vers le Sud, en suivant les voies de communication, et au Nord, de l’autre côté de l’autoroute, avec, cette fois, de véritables lotissements dont on distingue les voiries en spaghetti ou en raquettes.

Cet étalement urbain n’est pas seulement pavillonnaire, il se fait aussi à travers la construction de grandes zones commerciales, concentrées dans la partie Nord-Ouest de la ville. Le projet d’une nouvelle zone commerciale devrait encore accentuer la pression qui existe sur les espaces agricoles environnant. Tous les terrains de ces zones commerciales étaient des champs, il y a moins de 20 ans. Le mitage urbain est, enfin, une dynamique majeure de l’espace. Il est particulièrement visible sur les communes de Tourves et de Bras. Si de nombreuses fermes isolées existaient autour de la ville de Tourves, la majorité des pavillons que l’on observe sont en réalité des constructions récentes.  

Le front de la périurbanisation de l’aire urbaine marseillaise
 
En effet, le développement de cette zone est récent. A partir de 1860, la ville subit l’exode rural et, jusqu’en 1962, elle compte à peine plus de 2000 habitants. Son envol démographique est contemporain puisqu’entre 1990 et 2017, la ville double quasiment son nombre d’habitants, jusqu’à atteindre 16 433 résidents. Cette dynamique démographique explique directement l’étalement urbain pavillonnaire. Les nouveaux habitants recherchent principalement des pavillons individuels. Les établissements scolaires, à la périphérie immédiate du vieux centre, récents, témoignent également de cet envol démographique (premier collège en 1978, restructuré en 2011 ; second collège construit en 1993 ; lycée construit en 2004).

L’attrait pour les pavillons individuels participe également au phénomène de paupérisation du centre-ville. L’engouement pour les pavillons nourrit le désamour pour l’habitat collectif ancien du centre, dont certains bâtiments se dégradent, quand ils ne sont pas déjà abandonnés ou soutenus par des étais pour prévenir l’effondrement. Cependant, la rue commerçante piétonne a pu être préservée de la concurrence des zones commerciales, notamment par le biais de règles établissant des superficies minimales d’installation.

Cette dynamique démographique trouve elle-même son explication dans la desserte par le réseau routier qui la relie très bien aux villes d’Aix-en-Provence (45 km vers l’Ouest), Aubagne (43 km vers le Sud Est) ou encore Marseille (62 km vers le Sud Est), par voies nationales, départementales ou autoroutières. De nombreux habitants de Saint-Maximin se rendent ainsi chaque jour dans ces villes pour travailler. Le fonctionnement de l’espace est donc périurbain. Une voie de chemin de fer traverse la région, qui se trouvait sur la ligne reliant Carnoules à Gardanne, mais la section de Trets à Saint Maximin a été fermée dès 1980 et, en 1987, la gare de Saint-Maximin est officiellement désaffectée. Seul un vélo-rail, de Pourcieux à Saint-Maximin, assure encore une exploitation touristique et l’entretien de la ligne. Les transports en commun, se concentrent autour de la gare routière, à côté du lycée. L’ultra-dominance de la mobilité automobile contribue encore à nourrir l’identité périurbaine de cet espace.

 


Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

 

 


Document 2

 

Schéma : toponymes Saint-Maximin

 

 

Zoom 2. Brignoles, la croissance d’un pôle urbain de l’arrière-pays au contact de trois aires d’influence métropolitaines

Comme le montre bien l’image, cet arrière-pays est organisé par une succession de bassins agricoles et de chainons forestiers d’orientation ouest/est : bassin du Camp de la Source, bassin de Brignoles, bassin du Val... Selon sa taille et son importance, chaque bassin était doté d’un petit village ou d’un gros bourg dont le noyau historique est encore bien visible : Vins, Le Val, Camp la Source, vieille ville de Brignoles. Ce système historique traditionnel bien hiérarchisé est aujourd’hui largement bouleversé par les mutations économiques, sociales et urbaines. Si l’agriculture, en particulier la vigne, demeure, son poids et son influence s’est effondré à partir des années 1960.   

Cette « plaine de Brignoles », constituée d’un riche bassin agricole, est traversée par l’autoroute A8, le grand axe drainant tout l’arrière-pays du Rhône à l’ouest à la Côte d’Azur à l’est. Nous sommes ici dans une aire rurale très spécifique car au contact entre trois zones d’influences métropolitaines majeures : à 65 km de Marseille, 60 km d’Aix en Provence et 50 km de Toulon.

C’est dans ce contexte qu’à la tête d’une agglomération de 100.000 habitants, la ville de Brignoles a connu depuis les années 1960 une forte croissance démographique en passant de 7500 à 10 500 entre 1960 et 1980 (20 ans : + 40 %). Celle-ci s’accélère ces vingt dernières années, puisqu’elle atteint désormais les 17.400 habitants. Par phases successives, le vieux noyau historique, bien repérable, a été noyé par la croissance urbaine de l’agglomération, à la fois par les fonctions résidentielles et économiques (cf. zones d’activités et zones commerciales à l’ouest. A la zone dense répond la constitution de trois zones périphériques pavillonnaires au nord, à l’est au sud. Cette croissance justifie en 2005 la construction d’une rocade automobile bien visible, elle-même connectée à l’autoroute.

Traversant la région, l’autoroute connecte la région de Brignoles en une heure de trajet environ aux marchés du travail et aux économies métropolitaines régionales. Dans cet espace rural intermédiaire multipolarisé, elle contribue au développement de plateformes logistiques, qui y trouve du foncier par cher et accessible, d’un côté ; à l’essor des migrations alternantes de travail de l’autre. Comme en témoigne la croissance périurbaine des communes de Camp la Source, Vins ou Le Val, de nombreux salariés viennent un trouver des terrains moins chers et un cadre de vie pensé comme plus agréable.

 


Repères géographiques

 

 

Images complémentaires

 

Au nord, les zones rurales et agricoles de l’arrière-pays plus éloigné mais soumises à la rurbanisation.



Barjols et le Petit Bessillon

 

 

Montmeyan et Régusse

 

 

 

Documents complémentaires

ARNAUD C. (2012), Histoire d’eau en Provence verte. Cahiers de l’Association Populaire Tourvaine, pp. 5-59

BERNARD J., PAILLER P. (2011), « Moyen Var : un avenir à construire avec les grandes agglomérations voisines », INSEE Etudes, n°14
http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/8160/1/ana14.pdf

MAZET J. (2009), La Sainte-Baume, le château d’eau de la Basse-Provence, Association pour l’Histoire du Plan d’Aups, Sainte-Baume, cahier n°7, 30 p.

NICOD J. (2017), « Paysages et problèmes du haut bassin de l’Argens, au cœur de la Provence Verte », Physio-Géo, vol. 11, pp. 1-105
https://journals.openedition.org/physio-geo/5134

PEGAZ-BLANC O. (2006), « Le SCOT Provence Verte, un pôle résidentiel étroitement lié aux pôles urbains voisins », SUD INSEE, L’essentiel, n°91
http://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/1550/1/sie91.pdf

Site officiel « Provence verte et Verdon Tourisme »
https://www.la-provence-verte.net/index.php

Contributeur

Céline Massal, professeure agrégée de géographie, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume