En survolant discrètement et librement la planète, les satellites sont des recrues de choix pour la Défense. Ils appuient les opérations militaires au travers d’activités d’observation, d’écoute et de communication. L’espace est devenu un milieu stratégique de la plus haute importance et fait l’objet d’une surveillance accrue.
La Direction générale de l’armement conduit des programmes spatiaux pour répondre aux besoins des armées. Les satellites militaires fournissent un appui opérationnel aux états-majors et aux forces déployées. Ci-dessus, grâce à la coordination du CNES, l’ensemble des équipes réalise l’exercice de simulation de menaces spatiales AsterX.
Les satellites indispensables aux forces armées
Observer, écouter, transmettre… Depuis l’espace, les satellites jouent un rôle majeur pour la sécurité de la France. Depuis le lancement du premier satellite d’observation de la Terre Spot-1 en 1986, la Défense s’intéresse au plus haut point au potentiel des satellites. L’armée investit dans des moyens spatiaux dédiés dans les années 1990, et depuis leur valeur militaire est devenue incontestable.
Grâce à notre expertise dans l’observation de la Terre, nous sommes rapidement reconnu comme un acteur incontournable et nous sommes placé sous la triple tutelle des ministères chargés de l’Espace, de la Recherche et de la Défense. En pratique, l’état-major des armées – au travers du Commandement de l’espace (CDE) – définit le besoin opérationnel et la Direction générale de l’armement (DGA) conduit les programmes de systèmes spatiaux. Par délégation, nous concevons et assurons la gestion des outils spatiaux. Un duo gagnant-gagnant : les satellites ont souvent vocation à fournir des données militaires et civils… faisant ainsi bénéficier l’ensemble des citoyens des dernières avancées technologiques. Plongeons-nous dans les rouages de la défense depuis l’espace.
Les satellites de télécommunications sécurisent la transmission des informations
Première mission : assurer les communications militaires. Dans les zones dépourvues de réseaux de télécommunication – en haute mer ou dans le désert par exemple – ou celles où ils sont défaillants suite à une catastrophe naturelle ou un conflit, le spatial devient incontournable pour les missions de secours ou les opérations militaires : l’armée utilise les satellites de télécommunications, capables de transmettre les informations à distance par signal radio.
Succédant à Syracuse 1-2 et 3A-3B, Syracuse 4A et 4B (pour Système de RAdioCommunication Utilisant un SatellitE) sont les derniers satellites militaires français de télécommunications à avoir été placés en orbite. À plus de 35 000 km d’altitude, ils assurent une communication haut débit des informations envoyées depuis des relais terrestres, aériens et marins. Impossible de lésiner sur la sécurité : les satellites embarquent un système antibrouillage offrant des performances accrues.
Depuis 2014, le satellite Athena-Fidus (Access on THeatres for EuropeaN Allied forces nations-French Italian Dual Use Satellite) sécurise lui aussi les communications. À usage civil et militaire, il a été développé par la France et l’Italie pour offrir des liaisons haut débit aux armées et aux services de la Sécurité civile français et italien. Grâce à Athena-Fidus, les états-majors des armées françaises et italiennes peuvent organiser des visioconférences, établir des diagnostics médicaux à distance ou encore réceptionner des images acquises par drone.
Renseigner depuis l’espace : observer et écouter
Équipés de capteurs de haute performance, les satellites jouent un rôle central dans le recueil du renseignement. Les programmes d’observation à usage militaire sont indispensables pour mener à bien de nombreuses missions : renseignements, contrôle de l’application des traités de désarmement, planification et conduite d’opérations militaires, évacuation de ressortissants français, etc.
Programme phare de la défense spatiale française, la Composante Spatiale Optique (CSO) offre un concentré de performances inégalé en Europe. Concrètement, deux satellites situés à 800 km d’altitude assurent la mission dite de reconnaissance, tandis que le troisième satellite (320 km plus bas) donne accès aux détails pour la mission dite d’identification. CSO fournit des images extrêmement haute résolution, de jour comme de nuit : il est équipé d’outil infrarouge pour traquer les signatures thermiques… et donc visualiser des activités humaines, industrielles ou militaires. Compatible avec les systèmes de géolocalisation par satellite comme Galileo, il donne une géolocalisation très précise, un impératif des besoins militaires de ciblage. Autre atout du trio de satellites : il est en mesure de procurer un grand nombre d’images et différents modes de prises de vues. À Terre, la base est en contact avec chaque satellite toutes les 100 mn en moyenne, un délai idéal pour récupérer rapidement des images ou transmettre aux satellites un plan de mission.
Et que serait un service de renseignement sans la capacité d’écoute ? C’est la mission des trois satellites CERES (CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale), lancés fin 2021. Il s'agit de repérer les émetteurs radios et radars des ennemis au sol et en mer, de les localiser et de les caractériser avec précision. Pour cela, les satellites CERES détectent les signaux émis par ces émetteurs, peu importe leur nature – images, voix, messages codés, faisceaux électroniques, etc. Grâce aux essais réalisés lors de la précédente mission Elisa, CERES embarque les meilleures technologies existantes. La France est le premier pays européen à bénéficier d’un tel système, tout comme les États-Unis, la Chine et la Russie.
L’espace, théâtre d’opérations militaires
Nous l’avons vu, l’espace est utile à l’appui des opérations militaires sur Terre. Mais il est aussi un lieu de confrontation. L’intégrité des satellites civils et militaires peut en effet être menacée : agression par armes à énergie cinétique ou dirigée, intrusions, brouillage, interception de communications, etc. L’objectif pour l’agresseur ? Espionnage, prise de contrôle, dissuasion, destruction, mise hors service… Les satellites sont équipés des technologies de protection dernier cri et l’espace est sous haute surveillance pour prémunir tout risque.
Depuis 2014, l’Union européenne a établi un cadre de suivi des débris spatiaux nommé le Space Surveillance and Tracking (EU SST). Le consortium réunit 15 États-membres de l’UE. Au total, des dizaines d’instruments – radars, télescopes, stations de télémétrie laser – surveillent les objets spatiaux sur toutes les orbites pour éviter les collisions avec les satellites. Et l’enjeu est de taille : en plus des attaques intentionnelles, les satellites peuvent entrer en collision avec les millions de débris disséminés dans l’espace.
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AsterX 2023 : un exercice pour répondre efficacement aux menaces spatiales
La 3e édition de l'exercice spatial militaire français AsterX s’est tenue du 21/02 au 10/03 au CNES de Toulouse.
À travers le programme EU SST, la participation de la France est majeure. Le réseau de télescopes Tarot permet de surveiller les orbites hautes, tandis que le radar Graves détecte et classe les objets en orbite basse. Enfin, le programme CAESAR – porté par le CNES – fournit aux opérateurs de satellites un service anticollision. Si un risque de collision est détecté, un scénario d’évitement est proposé au centre de contrôle du satellite et un dialogue est engagé pour déterminer la manœuvre la plus appropriée dans le respect des contraintes opérationnelles. Le CNES maintient les satellites militaires en orbite basse (CSO, Pléiades) en conditions opérationnelles et gère les risques de collision en étroite collaboration avec le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux de l’armée de l’air.
Quizz
Quelles données acquises par satellite sont utilisées pour la mission de renseignement de la Défense ?
A - Les télécommunications
B - Les images thermiques, les cartes en 3D et les signaux électromagnétiques
C - La position précise des objets en orbite autour de la Terre
D - Les photographies, les images thermiques, les cartes en 3D, la géolocalisation et les signaux électromagnétiques
D - Les satellites d’imagerie et de renseignements électromagnétiques sont utilisés pour les besoins de renseignements. Ils permettent de repérer les déplacements humains (imagerie thermique), de cartographier en 3D (imagerie optique), de géolocaliser des cibles ou encore de repérer des émetteurs radio ou radar grâce aux signaux électromagnétiques.